Partenariat Patient

Marie-Pascale Pomey1, Luigi Flora2, Philippe Karazivan1, 3, Vincent Dumez4, Paule Lebel5, Marie-Claude Vanier6, Béatrice Débarges4, Nathalie Clavel7, Émmanuelle Jouet2,

Retrouvez le document complet en français et en anglais sur le lien ci-dessous :

Dans le souci d'améliorer la santé de la population et d'améliorer la qualité des soins et des services délivrés par le système de santé, une des voies prometteuses est l'engagement des patients à tous les niveaux du système de santé ainsi que dans la formation des professionnels de la santé. Depuis 2010, un nouveau modèle rela-tionnel, basé sur le partenariat entre les patients et les professionnels de la santé, a été développé à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Ce modèle de partenariat patient s'appuie sur la reconnaissance des savoirs expérientiels du patient, issus de la vie avec la maladie, et complémentaires des savoirs scientifiques des professionnels de la santé. Il s'inscrit dans un continuum d'engagement des patients et peut s'appliquer dans les milieux de soins, de la formation des professionnels, de l'enseignement et de la recherche. Nous exposerons dans cet article, les fondements théoriques du partenariat patient, puis comment ce nouveau modèle peut être mis en œuvre aux niveaux clinique, organisationnel et systémique et quels en sont les facteurs de réussite tant du côté des patients que des professionnels de la santé. Le « Montreal Model », en rendant le patient un partenaire incontournable pour toutes les décisions qui le concernent et comme expert de l'organisation des soins, offre aujourd'hui des perspectives pertinentes pour la gestion des maladies chroniques. Cette approche devrait avoir un impact important sur la santé des populations en améliorant la santé physique, psychologique et le bien-être des personnes. Dans ce cadre, plusieurs programmes de recherches sont actuellement en cours pour en évaluer l'impact.

Résumé
Le « Montreal model »

Construits entre les années 1940 et 1970, les systèmes de santé se sont structurés autour des soins aigus et hautement spécialisés, offerts dans des établissements de santé.

Or, on constate qu'au cours de ces 30 dernières années, les besoins ont considérablement changé dû à l'augmentation significative de la prévalence des maladies chroniques [1].

Celles-ci sont actuellement la principale cause de morbidité et de mortalité dans les pays occidentaux [2]. Dans le contexte spécifique canadien, 65% de la population âgée de 12 ans et plus et 90% pour les plus de 65 ans déclarent souffrir d'au moins une maladie chronique [3]. Cette tendance ne fera que s'accentuer au cours des prochaines années dans l'ensemble des pays de l'OCDE [4]. Lors de son rapport publié en 2010, le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec mettait en évidence que ces mutations épidémiologiques entraînaient [5] des changements d'habitudes de vie, un renforcement de l'autogestion par les patients, une accessibilité accrue aux professionnels de la santé, une meilleure continuité et coordination des soins et des services. Aussi, dans le souci d'améliorer la santé de la population et d'améliorer la qualité des soins et des services délivrés, une des voies prometteuses réside dans l'engagement des patients à tous les niveaux du système de santé [6]. Actuellement, des modèles proposent un continuum dans l'engagement des patients, tel celui de Carman et al. [7], qui va de l'information jusqu'à l'impli-cation. Toutefois, aucun ne va aussi loin que celui mis en place par la Faculté de médecine de l'Université de Montréal (UdM) que l'on nommera dans cet article le Montreal model [8].

Nous présenterons tout d'abord les fondements théoriques du partenariat patient sur lesquels s'appuient les différents secteurs d'application: en milieu de soins, de l'enseignement et de la recherche. Nous déclinerons également comment ce partenariat peut se mettre en œuvre aux niveaux clinique, organisationnel et systémique et quels sont ses facteurs de réussite. Nous conclurons par la présentation des perspectives actuelles et des recherches en cours pour évaluer l'impact de ce nouveau modèle sur la santé de la population.

Introduction
Le « Montreal model »